Agir ensemble pour mieux prendre en compte les inégalités de genre
Muriel Salle maitresse de conférences, spécialiste des questions de genre et médecine, « Dans les discours médicaux, les femmes sont toujours pensées comme l’exception à la règle, et ce statut a des effets paradoxaux… les femmes sont invisibilisées, oubliées dans les recherches médicales et pharmaceutiques ….Cette situation est le fruit d’une histoire. En médecine les discours et les pratiques sont produits par des hommes pour des hommes… »
Cette prise de conscience récente d’une approche trop non genrée et des conséquences sur la santé des femmes, est développée et explicitée notamment dans deux rapports :
Le Rapport du Haut Comité pour la Santé en 2020 sur Sexe, genre et santé »
Le Rapport du Haut Conseil à l’Egalité hommes-femmes (nov. 2020) : Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique
Et plus récemment les travaux de Santé Publique France en 2024 : « Des inégalités de santé persistantes entre les femmes et les hommes ».
La souffrance psychique en lien avec le travail (SPLT) est deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes: 6% vs 3%.
la prévalence de l'épisode dépressif caractérisé (EDC) au cours des 12 derniers mois était de 17% parmi les femmes de 18-75 ans vs 10% parmi les hommes, confirmant des écarts observés depuis plusieurs décennies.
Les hausses s'avèrent particulièrement marquées parmi les jeunes adultes: plus d'une femme sur 4 de 18-24 ans rapporte ainsi un EDC dans l'année (contre environ un homme sur 7).
D'après les données déclaratives du Baromètre Santé 2021, près de 60% des femmes de 18 à 64 ans déclarent des TMS du dos ou du membre supérieur (vs 51% chez les hommes).
Une pandémie révélatrice d’inégalités de genre face à la maladie
La santé en action janvier 2025 SPF
- Un sur-risque pour les femmes lié à leur métier (de 23% par rapport aux hommes) : métiers du soin, de la vente, de l’administration du fait des contacts plus fréquents avec le public
- Des prévalences de la dépression et de l’anxiété plus élevées chez les femmes et les individus en situation socio-économique vulnérables
Femmes, pouvoir et cancer : une commission Lancet
À l'échelle mondiale, la santé des femmes continue d'être axée sur la santé reproductive et maternelle, un concept patriarcal aligné sur des définitions anti-féministes étroites de la valeur et du rôle des femmes dans la société.
Parmi les 2,3 millions de femmes qui meurent prématurément d'un cancer chaque année, 1,5 million de décès pourraient être évités grâce à des stratégies de prévention primaire ou de détection précoce, et 800 000 décès supplémentaires pourraient être évités si toutes les femmes dans le monde entier pouvaient accéder à des soins optimaux contre le cancer.
Les femmes sont plus susceptibles de risquer une catastrophe financière due à un cancer, avec des conséquences désastreuses pour leur famille, même si des soins de qualité sont disponibles.
Les soins non rémunérés pour les personnes atteintes de cancer sont en grande partie assurés par des femmes. De nouvelles méthodes sont nécessaires pour estimer la valeur réelle du travail des femmes dans le domaine des soins contre le cancer.
Parmi les préconisations de la commission :
- Veiller à ce que les données sur le sexe, le genre et autres facteurs socio-démographiques soient recueillies régulièrement dans les statistiques de santé sur le cancer, puis communiquées publiquement et mises à jour.
- Rechercher, surveiller et agir sur les risques émergents de cancer qui affectent de manière disproportionnée les filles et les femmes, y compris les facteurs professionnels et environnementaux.
- Garantir aux femmes un accès équitable aux ressources de recherche, au leadership et aux opportunités de financement en matière de cancer.
Faire vivre et structurer le réseau Femmes et Santé
Un réseau pour quoi faire ?
- Partager nos expériences d’actions concrètes sur les questions de santé des femmes et nous interroger en quoi ces engagements contribuent ou peuvent contribuer à favoriser l’émancipation des femmes.
- Impliquer davantage les femmes dans la mise en œuvre de ces objectifs en « Renforçant le pouvoir d’agir des citoyens vis-à-vis de leur santé et les faire participer à l’élaboration des politiques de santé » comme le prévoit le plan stratégique du PRS3.
- S’enrichir des travaux, études, actions menées par d’autres et ailleurs.
- Communiquer, faire connaître ce que nous faisons les un.es, les autres, nos actions nos débats, nos réflexions…
L’objectif est de contribuer à :
- Faire connaître et donc mieux prendre en compte ces réalités objectives.
- Bousculer les représentations et stéréotypes.
- Changer les regards et les pratiques…
Les 3 axes prioritaires du réseau
1 /Créer un espace commun de ressources dans un drive (accueilli sur le site de la Maison de la Prevention)
- Partager des expériences, notes, références d’études, de publication, information d’évènements.
- Créer un annuaire partagé, une boite à outils commune.
2 / Organiser régulièrement des débats, conférences, séminaires
- Violences sexistes et sexuelles, pornographie, prostitution.
- Sante mentale des adolescentes et jeunes femmes.
- Problématiques spécifiques pour les femmes liées aux cancers.
3 / Avec trois niveaux d'intervention
- Rencontre-débat dans une approche participative s'adressant largement au public professionnel (du champ médico-social, éducatif) associatif, citoyen, militant de la cause des femmes, institutionnel.
- Sensibilisation-formation action en direction des professionnels et des partenaires impliqué.es dans les enjeux d’égalité hommes-femmes dans l'objectif de s'acculturer par l'échange des savoirs expérientiels, études, travaux de recherche des différents champs concernés par la sante des femmes.
- Séminaire interne aux membres du réseau pour approfondir un sujet, partager et co-élaborer des modèles d'interventions et des outils communs.